La route de la soie en moto

20 000 km depuis la France jusqu'en Inde

La Chine

Contrairement à ce qu’on pensait l’entrée en Chine se fait plutôt facilement et rapidement. On redescend donc à des altitudes et températures plus raisonnables jusqu’à la ville de Kashgar, où on arrive le soir. Enfin en Chine !!!!!


Au programme des ces 2 jours à Kashgar : passer notre permis de conduire chinois, faire immatriculer les moto et encore quelques formalités… Notre guide nous a amené à un hôtel autorisé aux touristes. Trés confortable d'ailleurs, on va se reposer pendant deux jours. On arrive le soir, et comme tous les hôtels qu'on va voir en Chine, c'est trés coloré ... Hôtel Qinibagh à Kashgar

La ville de Kashgar se trouve dans la région du Xinjiang, essentiellement peuplée de Ouigours. Ce sont essentiellement des musulmans, ont est donc assez surpris de retrouver une ambiance connue dans les pays arabes, tant dans les rues que les restaurants.

Kashgar



La seconde journée a été réservée aux formalités, 1ere étape passage au contrôle technique. J’ai eu un peu peur que si les motos se trouvent recalées elles finissent ici !
Mais en fait le contrôle s’est limité à la prise des n° de série et au test des clignotants. On se retrouve donc avec notre carte grise et notre permis de conduire chinois.
Contrôle technique à Kashgar Permis de conduire chinois

Départ ce vendredi de Kashgar vers le Tibet. Notre route prévue se trouve changée et nous devrons faire 1500km le long du désert de Gobi avant d’atteindre le Tibet.
Aujourd'hui route pas vraiment passionnante, monotone et sans grand chose à voir à part un village traversé de temps en temps où l’on peut faire une pause.
On peut s’arrêter comme on veut pour prendre des photos ou faire une pause.
Sauf hier matin où notre guide nous a emmené visiter une mosquée qui n’était pas ouverte… En 5 minutes descente d’une dizaine de policiers qu’on a vu arriver au pas de charge. Tout le monde s’est retrouvé au poste pour contrôle de papiers et des photos, avec effacement des photos interdites… et ensuite on doit serrer chaleureusement la main du chef en le remerciant….

Notre route a donc été modifiée en raison d’une interdiction pour les étranger de se trouver dans la partie ouest du Tibet. Nous avons donc 5 jours à rouler sur la route Nord qui traverse le désert de Gobi. Un peu monotone, beaucoup de poussière, quelques villes ou villages tous les 100 à 250km, peu de monde sur la route à part parfois quelques dromadaires qui nous cassent notre moyenne les sales bêtes !!!





On voit quand même des trucs assez ahurissants comme ce camion qui transporte 2 rangées de voitures ... ça doit pas être facile de faire demi-tour !



Même cet arbre, on se demande ce qu'il fait ici !

Desert de Gobi

Nos pauses station essence nous obligent à des manipulations longues et pénibles : les motos n’ont pas le droit de se servir à la pompe !!!??? Elle doivent remplir un récipient à la pompe (bol, casserole, c’est selon) puis aller le vider dans le réservoir… sur les petites 125cm3 dont le réservoir fait 5 litres ça se passe bien, mais quand il nous faut plus de 20 litres chacun ça fait quelques voyages entre la pompe et la moto…

Station essence Xinjiang

Pour couper la monotonie de la route, petite visite d’un bazar lors d’une pause. Très animé, plus que ceux qu’on a pu voir dans d’autres pays, et très bruyant, entre les klaxon des scooter et les sonos qui diffusent à fond la promotion du jour.

Bazar Xinjiang

Et j’ai surtout pu faire réparer ma chaussure décollée pour quelques centimes d’euros, elle va ainsi peut être me refaire 10 ans de plus !

Et on a dégusté de l’excellent melon



Désert, encore le désert de Gobi. En roule donc toujours dans cet immense désert pendant encore 2 jours.

Desert de Gobi
On a voulu faire un bivouac sur une piste dans le désert, impossible d’arriver à convaincre notre guide : route inacessible, camp militaire, animaux sauvages, réserve nationale, tout y est passé !
On se retrouve donc à l’hôtel, bivouac dans le désert repoussé à demain ou après demain sur une autre piste… Marcel en a profité pour installer 2 nouveaux klaxon afin de concurrencer les chinois qui à la manière des indiens ne peuvent conduire sans klaxonner sans cesse !

Ce matin, 30 septembre,  pas mal de vent pour le départ… après quelques KM dans le désert ça s’est transformé en véritable tempête de sable !!! Impossible de voir à plus de 20 mètres, je conduisait en me guidant sur les bandes blanches… le GPS devient fou car le sable réagit avec l’écran tactile et la carte bouge dans tous les sens… le sable rentre partout, dans le blouson, le casque… après 20km péniblement parcourus en 1/2 heure, la moto s’arrête !!! Comme il est impossible de voir quoique ce soit dans la tempête j’attends donc casque et yeux fermés que ça se calme un peu. Après 10 minutes ça se calme et c’est bien la panne ! Je prévient Marcel par texto qui avait pris de l’avance en camion.
Une fois revenu sur place on décide de remorquer la moto avec une sangle…. pas évident, surtout lors des freinages ! On arrivé à un garage, je cherche et c’est en fait la pompe à essence qui refuse de pomper. Petite réparation et ça repart ! La moto est pour l’instant sauvée… Nico en a profité pour nettoyer les filtres à air, et remettre des vis qui s’étaient sauvées de sa moto. Et Marcel resserrer une vis qui faisait fuir de l’huile. On repart avec 4h de retard du même endroit que ce matin.
On reourne donc le désert, mais après 150 km le paysage change. Ca devient montagneux, et on commence à monter.



La route grimpe toujours lentement, mais après des heures de route on se retrouve à 3600m par 6° ….. on étaient habillés pour du désert à 30°, je suis frigorifié. On arrive enfin à 20h à notre hôtel, j'ai froid et j’ai du sable partout : quand Marcel m’a vu le matin dans la tempête de sable, il croyait revoir les motards du Paris-Dakar la tête toute blanche de poussière lorsqu’il les retrouvaient aux étapes. Bonne douche, bon repas, bonne nuit !
Le lendemain la route redescend vers le desert, monotone, quelques champs pétrolifères pour nous distraire, et un accident. Pas de panique, les voitures écrasées étaient juste des voitures transportées sur le chargement de la semi-remoque (assez courant de mettre 1 ou 2 voiture par dessus la remorque)

Depuis pas mal de temps notre guide nous parle d'une "forêt" que l'on va bientot visiter.Pas beaucoup d’arbres pour une forêt mais ça vaux quand même le détour non ?

La foret, Xinjiang
D’ailleurs pas mal de monde vient voir ce coin, et 3 français c’est pas passé inaperçu, on a eu droit à notre séance photo avec presque tout le monde… en fait les chinois adorent se faire photographier avec nous ou avec les motos…

On reprend la route vers la ville de Golmud, qui est en fait la ville la plus à l’est de notre voyage. Sur la route récolte de fruits, les ramasseurs sont payés au kilo immédiatement : le seau est vidé et pesé, et le patron paye immédiatement le prix correspondant. 3 yuan le kg (0.5€).



Nous restons 2 jours à Golmud, le temps que notre nouveau guide (chargé de nous faire traverser le Tibet) arrive. Pas grand chose à voir, balade le soir en ville, comme toutes les villes chinoises que l'on a traversé c'est trés animé et coloré

Golmud le soir



Notre guide nous fait visiter des lacs salé situés à proximité. Ca nous occupe pendant cette journée d'attente, est c'est assez sympa, même si on imaginai un enroit perdu dans la nature. Pas vraiment le cas, c'est une immense usine de sel, qu'on a pu visiter. Mais les lacs sont magnifiques !
Lacs salé de Qarhan, à 60km de Golmud :

Lac salé de Qarhan, Golmud

On trouve un coin pour notre picnic et faire un barbecue. Le coin fait pas rèver, mais c'est la première fois en Chine qu'on peut manger ailleurs que dans un restaurant réglementaire.



3 octobre. Nous allons quitter Golmud, notre guide pour le Tibet étant arrivé. Nous sommes au point le plus à l'est de notre voyage, presque au niveau de la Thaïlande. On se rend compte que l'interdiction d'emprunter notre route initiale nous a fait faire un énorme détour de 2000km.
Maintenant nous devons nous diriger ver sle Népal, et donc l'Himalaya. Ca fait rèver, mais premier col à 4000m, suivant à 4700 puis toute la route entre 4000 et 5000m…. j’ai peur qu’on soit frigorifiés….



Pas encore sortis de la ville et on se retrouve déjà face aux montagnes. J'avoue que les sommet enneigés ne me rassurent pas trop, je supporte pas le froid en moto...



Après 2 heures de route, ça y est, on est dans les montagnes ! Contrairement aux montagnes de chez nous, ici pas de montées raides ni de lacets serrés : on monte doucement mas sûrement et sans beaucoup de virages.



A 13h, premier col, à 4780m d'altitude. Une fois le col passé la route redescend en fait assez peu, on reste entre 4500 et 5000 mètres tout le temps. Evidemment y fait pas chaud…

Nous on supporte plutôt bien l’altitude, les moteurs nettement moins bien. Marcel a eu droit à toutes les alarmes moteur sur son tableau de bord, ma moto est moins nerveuse mais ça va encore par contre la moto de Nico se traine à 80-90 km/h maxi avec une consommation qui est passée de 5l à plus de 8 litres ! Résultat, la panne sèche juste avant le second col à 5010 mètres.

Fin de journée, 0°, 420km parcourus, arrivée dans un village perdu et Marcel abandonne son camion pour une chambre un peu plus chaude. (première fois que je vois un hôtel sans douche, même pas commune). Demain encore 400km dans le froid, cols entre 5000 et 5400. Direction Lhassa.
Petite chambre, et il n'y fait pas trop chaud.

Deuxième journée au Tibet. 0° au réveil, 420km à faire, la journée promet d’être dure… Ca commence par le démontage de la pompe à essence sur la moto de Nico qui semble être la cause de sa vitesse maxi de 80km/h. Et c’était bien ça !
Moi c’est mon compteur de vitesse qui lâche (sans doute le câble). Pas trop grave, avec le GPS je vais m’en sortir. Pour l’instant nos pannes n’ont pas été trop graves.

On va rouler toute la journée entre 4500 et plus de 5000m d’altitude. Il fait froid, entre 0° et 5°, mais le temps est sec et la neige ne se trouve que sur les sommets. Pas de villages, pas de fermes, juste parfois quelques troupeaux de Yak.

Route vers Lhassa



On bat notre record d’altitude de cols passés en moto : 5231m, le col de Tanggula

Col de Tanggula

Un dernier col avant de redescendre à Lhassa, à 3600m



L’essence quand on est en moto est un vrai problème, en Chine mais surtout au Tibet. En Chine, comme j’ai déja expliqué on ne peut pas se servir à la pompe mais il faut remplir des récipients à la pompe puis aller les vider dans la moto garée plus loin. Au Tibet, en plus de ça, la plupart des stations ne vendent pas d’essence aux motos. Ou certaines juste 3-4 heures par jour. Entre la recherche d’une station et le transvasement de l’essence, à chaque fois c’est 1/2heure. Si on rajoute les contrôles de police tous les 50 à 100km, ça rallonge sérieusement les temps de parcours.
La route redescend lentement vers Lhassa, située à 3600m d'altitude. On retrouve un peu de chaleur, et des arbres le ong des route.

 

On arrive à Lhassa en fin de journée, direction hôtel, bonne douche et restaurant. On reste deux jours, donc visite de la ville le lendemain. La ville est encaissée entre les montagnes, et seule la vielle ville est à voir...

Lhassa

Pour une fois, libres de se balader tous seuls dans la ville sans avoir toujours le guide avec nous. On en profite. On va passer la journée à visiter la vieille ville, dont on voit ici une des typiques façade de maison



Et évidemment le palais Potala qui domine la ville :

Palais Potala

362 marches à gravir pour atteindre le toit et 2000 pièces, le palais ceausescu de Bucarest est battu. La visite est trés organisée, en effet afin de ne pas surcharger les planchers seul un quota de visiteurs est accepté à un moment donné. On attend donc bien sagement (les chinois attendent toujours sagement) notre créneau horaire pour monter, et visite le palais dans le timing attribué. Désolé, pas de photos à l'intérieur...
Pas mal de touristes, évidemment essentiellement chinois, mais aussi beaucoup de personnes qui viennent prier ici.
Les moulins de prières :

Moulins de prières, Lhassa

Visite du plus vieux monastère, le monastère Jokang, datant du 7eme siècle lui aussi



Second et dernier soir à Lhassa, une dernière balade dans la ville... Et le palais Potala de nuit.

Palais Potala, Lhassa

Départ de Lhassa de bonne heure pour la ville de Shigatse, pas sans une photo souvenir au pied du « Potola Palace » (après tous les KM qu’on a fait, ça vaut bien ça)

Départ de Lhassa

Toujours une route à plus de 4000m d’altitude, mais les paysages varient quand même un peu et il fait un peu moins froid.

Route de Shigatse

Arrivé pour une fois pas trop tard, ce qui nous permet de faire une révision/entretien des véhicules : lavage, graissage des chaines moto, je re-tend mon amortisseur qui pas trop aimé les centaines de KM de piste defoncée.

Le lendemain, on passe le dernier haut col de notre route. 5266m. Petite photo, et direction le camp de base de l'Everest (coté chinois).


Arrivée au camp de base de l'Everest, coté chinois (peu de monde de coté). On a fait les 80km de piste en camion avec Marcel car la piste est recouverte d'énormes cailloux et surtout il faut payer pour l'emprunter avec un véhicule. Environ 70€ par vehicule, donc tout le monde dans le camion et on laisse les deux motos jusqu'au demain sur le parking d'un hôtel.

Camp de base Everest (Qomolangma en tibétain), on voit l'Everest au fond :
Il y a un vent glacial, on traine pas trop pour la photo.

Sur place quelques maisons, un hôtel simple où on va dormir et un temple.
Camp de base Everest (Qomolangma en tibétain)

On traine un peu jusqu'au soir avant le repas et la nuit. Visite du petit temple :

Temple camp de base Everest

Repas simple à l'hôtel. Vu le froid, Marcel décide de ne pas dormir dans son camion. Il fait pas vraiment plus chaud dans la chambre où un carreau cassé est réparé avec un bout de carton.

C'est notre première nuit à 5200m d'altitude, les autres nuits on était toujours en dessous de 4000.
Si le manque d'oxygène n'est pas vraiment génant dans la journée, la nuit ça change tout : en dormant on respire moins profondmment et au bout de quelques heures le manque d'oxygène nous a tous réveillé avec un terrible mal de crâne. La solution : reprendre une respiration trés profonde pendant quelques minutes et repartir pour 2h de sommeil.
Hotel Camp de base Everest

Le lendemain matin réveil un peu dur. Froid, pas de douche (enfin si mais sans eau chaude), mal dormi.
Mais une magnifique vue sur l'Everest :

Mont Everest - camp de base chinois

On repart, 2h30 de piste pour rejoindre la route et nos motos bien au chaud dans le camion de Marcel. Nico qui a encore mal à la tête reste allongé.



On retrouve nos motos, et enfin on redescend vers la frontière du Népal. D’abord doucement :

Route chine G318

Puis les paysages changent, on commence à revoir des cultures.

G318 road

On passe sous la barre des 2000m d'altitude. En l'espace de quelques heures on change complètement de paysages, et on retrouve des températures de plus de 25°. Le bonheur !
Nico en moto et Marcel en camion (moi je prend la photo!) :



Dernière nuit en Chine, demain matin on entre au Nepal ! Presque 15 jours passés en Chine, en passant du désert de Gobi aux cols Himalayens à plus de 5000m. En fait notre changement de route n'est peut-être pas si mal tombé que ça, ça nous a évité de ne faire que de la montagne, et de voir des paysages plus variés.
On quitte Zhangmu trop tard, on arrive donc au poste frontière aussi en retard, surtout qu’il a fallu aller rechercher en voiture un douanier resté à la ville qu’on vennait de quitter...
C'est le bazar pour arriver à la frontière.
Les formalités se fond à peu près bien, on est prêts à sortir avec nos moto quand on voit que Marcel avec son camion repart en arrière. Curieux. On apprend qu’il ne pourra pas passer avant 3 jours parce que …… une dalle en béton de 5 mètres de long sous le portique de sortie a été faite il y a quelques jours et que le temps que le béton durcisse, tout ce qui est plus lourd qu’une moto ne passe pas !!!! Le guide nous dit qu’il faut discuter avec les douaniers, militaires et policier en prenant un ton désagréable, menaçant, en disant que si on ne passe pas ensemble on appele l’ambassade dès notre arrivée au Népal. On fait donc ça avec le militaire de garde, qui appele son chef, lui même son autre chef, sans résultat.
Après 2h d’attente, le grand grand chef du poste de douane arrive et nous autorise à passer. En 3 minutes tout le monde lève les barrières et ouvre les portails, OUF !!!
On doit franchir le pont (le pont de l’amitié) qui sépare les 2 pays en poussant les motos à pied. Heureusement Marcel n’a pas eu à pousser son camion mais nous voila prêt à passer les douanes Népalaises.
Zhangmu Zhangmu border



Nous voilà au Népal !