La route de la soie en moto

20 000 km depuis la France jusqu'en Inde

L' Iran

27 août, fin d'après-midi, frontière Turquie-Iran.
Il y règne le plus grand bazar : taxi/bus dans tous les sens, camions qui attendent, des dizaines de types qui trainent un peu partout entre le poste Turc et le poste Iranien, le tout entouré de terrains vagues plus ou moins couverts de détritus. Bref pas un endroit où on a envie de rester. La sortie de Turquie se passe bien, l’entrée en Iran est plus longue et moins « claire ».
A un moment ruée de types (iraniens ? turcs?) qui lancent à la volée des gros sacs par dessus les grillages de la frontière. Branle bas de combats des militaires Iraniens qui accourent mitraillette au poing pour remettre de l’ordre… Dans l’histoire le temps passe et le dernier contrôle de douane (celui qui autorise l’entrée des motos) se ferme sous notre nez et le type sort du bureau en montrant sa montre et disant « finish » !!!!
Pas cool du tout, car nous sommes rentrés (et donc ne peut plus ressortir) mais pas les motos… là dessus, l’innocent douanier nous fait quand même rentrer dans le bureau, ferme les guichets, prend un air attristé en re-montrant sa montre et griffonne sur un papier : 100$ …… entre passer la nuit assis sur un caillou à écouter brailler tout ce petit monde où payer…. on à bien tenté de donner 50€ mais le douanier semblait bien au courant des taux de change.. bref, 70€ pour faire tamponner nos carnets de passage en douane et nous souhaiter avec un grand sourire : « Welcome in Iran »…. il avait au moins le sens de l’humour ! Pour le prix, on a eu en prime une vérification des tampons de nos passeports pour qu’il ne nous manque rien…
Nous voila donc en Iran ! Petite photo à la frontière, comme d’habitude (ce qui n’a pas du tout plut au militaire qui passait, on a vite décampé….)

Kapikoy Iran border

Puis 60km de route assez mauvaise (portions de route emportée par les éboulements) pour arriver à Khoy, première ville où on se lance dans la recherche d’un hôtel… pas facile du tout, au 1er arrêt dans la rue principale on se retrouve en 2 minutes avec 25 personnes autour de nous qui semblent toutes connaitre le meilleur hôtel (enfin c’est ce qu’on devine)
Un Iranien, Résa, nous propose de monter avec nous en moto pour nous guider. Je l’emmène donc, un peu écrasé entre les bagages, lui et le réservoir et on arrive un bon hôtel !!!! Enfin !

Second jour en Iran, 2h30 de décalage horaire et 41° sur la route….
Notre Iranien Résa (sur la photo) repasse à l’hôtel le matin et nous emmène changer de l’argent. 400 euros, soit un peu plus de 16 000 000 de rials, pas pratique à caser dans le portefeuille…
400 euros  = 16000000 rial

Resa nous fait visiter la ville et au retour à l’hotel me propose un business ou je peux gagner des millions, exporter vers l'Iran des produits recherché, à savoir parfum, produits de beauté et vidéo porno…. je lui dit que je verrais ça de retour en france, me voila presque riche, mais en attendant on va mettre de l’essence… 4 euros le plein, soit à peu près 30 centimes le litre, ça fait rèver !!!! Visite de Khoy, Iran 

On repart donc sur une route assez désertique. Direction Tabriz, toujours vers l'est, mais on nous a conseillé de faire un crochet vers le nord voir une cascade.

Route en Iran

J'ai perdu Nico sur la route, je fais demi-tour et après avoir remonté 20km je tombe sur sa moto arrêtée à un carrefour, mais pas de Nico. Je m'arrête et attend un peu, personne, au bout de 15-20 minute je commence à me demander s'il n'aurait pas eu un accident. Heureusement non, il était parti faire un tour à la fameuse cascade en m'attendant (j'ai raté la route). Grosse surprise concernant la cascade.... c'est un vague ruisseau, mais curieusement avec pas mal de visiteurs. Bizarre.

Montagnes pres de Khoy, Iran

A 17h, coup de théatre, le camping Turc m’appele pour me dire que les pneus sont arrivé !!!! A 24 heures près …. On a pas de visa double entrée, donc impossible de revenir en Iran si on ressort en Turquie. On arrive à se mettre d’accord pour faire envoyer un taxi avec nos pneus à frontière, et nous on remonter demain matin à la frontière coté Iran pour tenter de faire passer les pneus. Peut être qu’avec une aide de notre « cher » douanier on va réussir à les faire passer….. j’espère car on va avoir fait 300km rien que pour ça et perdu plus d’une journée….. demi tour donc et retour à Khoy, ou on arrive de nuit et ou je perd Nico encore une fois, et retrouve avec beaucoup de mal notre hôtel de la veille.

Le lendemain matin, retour au poste de douane iran/turc. Même bazar qu’à notre arrivée, mais vu que c’était le début de journée, multiplié par 10. On tombe sur notre douanier à $100 qui arrive pour commencer sa journée et nous dit d’entrer avec lui. Texto du taxi qui attend l'ouverture de la frontière du coté Turc… c’est bon signe tout ça ! J’en profite pour aller souscrire une assurance moto (oubli lors de notre arrivée !) et Nicolas retrouve le taxi et la personne du camping Turc qui nous passe nos pneus à travers les grilles : enfin !
Retour hôtel pour douche et vrai départ !
Ca aura au moins eu l’avantage de faire cette photo que j’avais pas prise au 1er passage
Route Kapikoy - Khoy

Donc ce matin après notre aller/retour de 160km jusqu’à la frontière, retour à l'hôtel, on se douche, on attache nos pneus et direction Tabriz, toujours sous 40°.
Mais après 15 jours de chaleur on s’y fait assez bien en fait. En dessous de 30° on trouve presque qu’il fait frais.
160km sans trop de surprise, si ce n’est que je fais toujours attendre Nicolas à cause de mes nombreux arrêts photo sur le bord de la route
Route vers Tabriz

Cette route de Khoy vers Tabriz est vraiment magnifique : des reliefs et des couleurs extraordinaires :

Route Khoy vers Tabriz

Arrivée à Tabriz, petit tour dans la ville rapide avant de partir à la recherche d’un resto. Pas si simple car 95% des enseignes sont indéchiffrables pour nous.
Ces histoires de pneus en retard nous ont fait perdre 2 jours. Notre visa de transit au Turkménistan nous impose d’entrer le 2 ou 3 septembre, on va donc accélérer, demain direction Téhéran.

 
Tabriz

Le lendemain matin, balade dans le bazar de Tabriz avant de partir. C'est trés animé, vivant, et regroupé par "quartiers" : bijoutiers, les vendeurs de fringues, d’électroménager, les légumes, la viande…

Bazar à Tabriz Bazar Tabriz - coin des fringues
Magasin de coffre-fort Vendeur de légumes à Tabriz

30 août. On repart vers 14 heures, il fait frais (28°) et il y a du vent…. on a 450km à faire et plus on avance, plus le vent se monte. Ca devient trés pénible, surtout de face ou de coté, poussière, rafales qui nous font nous déporter dès qu’on double ou croise un camion, tête tirée tantôt à droite, tantôt à gauche, tout ça sur une route plutot monotone.

Route Tabriz - Kazvin

On arrive en pleine nuit à 22h à Qazvin après avoir été secoués dans tous les sens par les rafales de vent. La pire journée de route depuis la France.
Le lendemain on visite la ville. Même si le timing nous oblige à traverser l'Iran un peu trop vite, il ne faut quand même pas qu'avaler des kilomètres.
En fait on découvre toujours quelque chose à chaque coin de rue.
Qazvin  Rue à Qazvin


Bazar de Qazvin  Promenade dans le bazar à Qazvin

Et la mosquée de Qazvin :

Mosquée de Qazvin

Repas à Teheran On a perdu 2 jours avec notre histoire de pneus, et le visa de transit du Turkménistan n’a que 5 jours de validité. Vu la route qu’il reste à faire, on doit raccourcir notre programme. On ne fait donc que passer à Téhéran (façon de parler vu le temps qu’on a mis à traverser la ville…). En cours de route on rencontre toujours des gens adorables, comme cet ancien marin qui a navigué à Cherbourg et qui nous a offert à manger dans son petit restaurant

Route de Damavand On arrive à la nuit tombante dans une petite ville pas loin de la mer Caspienne, Damavand. Un peu de mal à trouver un hôtel, heureusement que les gens dans la rue sont prêts à tout pour rendre service, y compris servir d’interprète quand le patron de l’hôtel ne parle pas anglais.
Le lendemain matin, réveil à 7h et départ à 8h. La route traverse la montagne, donc c’est assez long mais les paysages sont beaux.
On arrive sur les rivages de la mer Caspienne, et là par contre ici c’est pas très beau : plages rares et pleines de gravas divers, immeubles en construction, et les 50km qu'on fait le long de la côte se trouvent en fait à 2km de la mer, on ne voit rien.
On aura quand même vu la mer Caspienne 10 minutes !

La mer Caspienne

On ne s’éternise pas vu la distance à faire, mais on a encore une occasion de constater la gentillesse des Iraniens. Ce restaurateur qui n’a jamais voulu que l’on paye nos brochettes !

On se fixe comme but pour ce soir la ville de Gorgan, ce qui fait déja 350km. La route est assez monotone, seuls les vendeurs sur le bord permettent de varier un peu le paysage : vendeurs de fruits, légumes, foulards, poisson….

La route en Iran

Vendeur de poisson sur la route en Iran

Arrivée dans la ville dans les bouchons habituels du soir (en clair, même en moto on passe pas). Nous suivons les conseils de l’hôtelier pour notre restaurant, et pas déçu, c’était très bon. Le patron Ali discute avec nous, nous offre un livre sur la région, nous lui montrons notre blog, parlons des pays traversés quand je me soucie de mon téléphone resté sur notre table… je vais voir, et justement un type se lève et sort… un coup d’œil, plus de téléphone ! Je vais voir dehors, plus de type suspect. La femme du patron voit qu’il se passe quelque chose, j’explique, tout le monde se mobilise mais plus de portable ! Le patron se démène, appele la police, va voir la vidéo surveillance, et moi je me dis que le téléphone est bel et bien disparu. Il me dit d’attendre quand même… Incroyable, mais 15 minutes après le type est retrouvé par la police, je récupère mon téléphone ! Je ne peut que remercier la femme du patron qui avait repéré le type et la rapidité avec laquelle Ali gèré tout ça ! Merci !


Derniere journée en Iran. 440km à faire pour arriver à la dernière ville (Quchan) avant la frontière du Turkmenistan. Autant dire que ça fait long assis sur la moto, j’ai encore mal aux fesses en écrivant ce texte ! On a traversé le parc du Golestan, sur à peu près 30km, enfin un peu de verdure et d’arbres dans cette étendue semi désertique ! Pas mal de monde sur le route qui relie Mashad à Téhéran. On arrive donc à Quchan, direction le seul hôtel repéré sur le GPS. Il a l’air pas mal pour notre dernière nuit, mais je m’aperçoit vite qu’il est soit fermé pour longtemps, soit abandonné… Nous voilà donc repartis dans la recherche d’hôtel (il y en a très peu et en général l’enseigne est écrite en Farsi, ça aide pas). Après pas mal de demandes et tentatives ratées je crois qu’on trouve le seul hôtel de la ville. Pas terrible, les sanitaires au bout du couloir sentent l'infection, le principal : on a un lit.
Mais toujours et encore des Iranien(nes) aussi gentils : boissons offertes dans les bars, gateaux offerts par un client d’une station service, même Nico a eu droit à son barbier cadeau !
Barbier à Quchan

3 septembre, dernier jour en Iran, départ de l'hôtel, opération chargement des motos. Ca intrigue toujours les passants (photos des motos, curiosité du GPS… en Iran les motos ne peuvent dépasser 400cm3, et 99% sont des 125)

Chargement des motos à Quchan

Nous voilà donc sur les derniers 100km en Iran, vers le poste frontière de Bajgiran.

Quchan to Bajgiran

On voit quelques bergers, en fait on ne voit même que quelques bergers !

Route Quchan Bajgiran
On grimpe encore à 2000m dans les montagnes, route quasi déserte, d’ailleurs la seule station service trouvée une fois arrivé au dernier village n’a pas encore de pompes à carte de crédit....



Le suite : Turkmenistan
Plein d'essence à Bajgiran